Les Hwarang: premières idoles coréennes de l’Histoire

Affiche du drama Hwarang: The Poet Warrior Youth, KBS2

Vous connaissez probablement tous la série Hwarang, qui mettait en vedette Park Seo-Joon ainsi que des idoles de K-pop tels que Park Hyung-Sik de Z :EA, V de BTS et Choi Min-Ho de SHINee. À la sortie de ce drama en 2016-2017, toute la communauté des fans de K-dramas en parlait. C’était la première série à raconter l’histoire des guerriers, et comme mentionné plus haut, a très vite gagné en popularité (sûrement en partie grâce à ces hommes séduisants qui ont conquis le cœur de beaucoup de femmes !).

Mais connaissez-vous l’histoire qui se cache derrière cette fiction ? Qu’est-ce qu’un Hwarang, exactement ? Qui étaient-ils et que faisaient-ils ? Intéressons-nous à cette ère singulière de l’histoire de la Corée, la période lointaine du royaume de Silla…

Pendant bien longtemps, l’Histoire elle-même les avait oubliés. Mais suite à une montée du nationalisme coréen et à la découverte d'un manuscrit ancien intitulé « Les Chroniques du Hwarang » dans les années 1980, leur histoire a pu être racontée de nouveau et est devenue un élément essentiel de l’Histoire de la péninsule.

Des guerriers jeunes, beaux et très instruits

Les Hwarang, dont l’on dit qu’il s’agit d’une organisation militaire mais dont la fonction réelle fait l’objet de débats, a été créé au cours du VIème siècle après J.C. dans le royaume de Silla (à l’époque, la Corée était divisée en trois royaumes : Baekje, Silla et Goguryeo). Selon les ressources disponibles, qui sont très limitées, il s’agissait de garçons issus de familles de la haute société, qui étaient choisis dès un jeune âge pour être formés par des moines bouddhistes afin de devenir des guerriers d’élite. Ils étudiaient l’art de la guerre à travers le maniement de l’épée, le tir à l’arc, l’équitation, les arts martiaux et l’endurance physique, tout en recevant un enseignement sur des religions telles que le bouddhisme, le confucianisme, le taoïsme et peut-être même certains aspects du chamanisme (encore très présents de nos jours). Les pratiques spirituelles des Hwarang étaient un mélange d’enseignements de moines de la Terre Pure et de techniques de combat des guerriers mongols.

Un homme immitant les Hwarang. Photo libre de droits

Selon les sources, ils devaient étudier les Cinq Relations, les Six Arts, les trois Professions Savantes et les Six Voies du Service Gouvernemental, qui contenaient des règles de comportement éthique et préparaient ces jeunes hommes à la vie dans la fonction publique. Les Hwarang juraient de faire preuve de loyauté envers leurs camarades et étaient guidés par un code de conduite en 5 points :

·      Servir le roi avec loyauté.

·      Servir ses parents avec loyauté.

·      Toujours faire preuve de loyauté envers ses amis.

·      Ne jamais battre en retraite au combat.

·      Ne jamais tuer inutilement.

 Il est dit que les garçons se réunissaient dans des lieux d'une grande beauté naturelle, notamment des montagnes et des rivières sacrées, où ils chantaient et dansaient, le visage peint, et portaient des chaussures ornées de bijoux. Il existe peu de détails sur les cérémonies d'initiation, si ce n'est le fait que la danse et le chant en étaient des éléments importants. Il existe également un détail tout particulièrement intéressant: les guerriers étaient célébrés dans ce que l’on appelle les Hyangga. Il s’agit de chants/poèmes populaires indigènes de Corée, que les Hwarang écrivaient eux-mêmes.

Qualifiés de « nobles et beaux », ils étaient connus pour le soin qu'ils apportaient à leur apparence en utilisant du maquillage, des produits cosmétiques et des accessoires. On leur attribuait une odeur particulière et agréable issue du fait qu’ils avaient pour habitude de brûler de l'encens. Également surnommés « les chevaliers en fleur », les Hwarang étaient en effet les premières idoles coréennes au vu de leur grande popularité à l'époque et de leur réputation d'être tous très beaux. De nombreux généraux et personnalités politiques de l'époque étaient des Hwarang dans leur jeunesse. On peut citer comme exemple le dénommé Kwanchang : son histoire est l'une des plus célèbres de la littérature Hwarang. Fils du général P'umil, il a été fait commandant Hwarang dès l'âge de 16 ans et est mort lors des guerres d'unification en l’an 660.

Hwarang, KBS2

Une autre organisation similaire aurait précédé les Hwarang : des femmes, divisées en deux groupes nommés « Wonhwa ». Ceux-ci étaient dirigés respectivement par Nammo et Junjeong. Une querelle de jalousie a éclaté et a abouti au meurtre de Nammo par Junjeong. Les Wonhwa ont par la suite été abolies. Une fois de plus, il existe très peu d’informations sur cette ancienne organisation et leur véritable fonction.

Et de nos jours ?

La popularité de ces guerriers d’élite peut encore être constatée dans la société coréenne de nos jours : un enchaînement de taekwondo (un art martial coréen) est appelé Hwa-rang en hommage à ces célèbres garçons. Mieux encore, le Hwarangdo, art martial coréen moderne, est enraciné dans la tradition du Hwarang. Et bien sûr, le drama mentionné plus tôt, Hwarang, constitue un autre exemple de cette popularité.

Une compétition de Taekwondo. Photo de Surabky | Dreamstime.com Libre de droits

Tout au long de l'histoire de la Corée, les traditions militaires se sont inspirées des pratiques de ces guerriers désormais légendaires.

Après la chute du royaume de Silla, le terme « Hwarang » a pris de nombreuses significations à travers le temps. Par exemple, sous la dynastie Joseon, le mot désignait un chaman de sexe masculin ; tandis que de nos jours, en Corée du Sud, il est très courant de le trouver comme nom d'écoles, d'entreprises et d'organisations.

 Maintenant que vous connaissez leur histoire en bref, soyez curieux : l'histoire des Hwarang a encore beaucoup à révéler !

Par Marion Pichardie

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